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Revolutionary strategy

Planification écologique : le piège marxiste pour sauver la technocratie (1/4)

By
S.C.
03
November
2024
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La planification écologique est traquenard tendu par les technocrates
« Le mouvement éco-socialiste, qui se développe au niveau international depuis les années 1990, tente de conserver les acquis fondamentaux du marxisme tout en le débarrassant de ses scories productivistes et de sa foi unilatérale dans la technique. […] Les éco-socialistes entendent confier à la “société” la maîtrise de la technique par une meilleure répartition des richesses et par une planification démocratique qui permettra de s’extraire du marché. Mais, au sein même du socialisme antiproductiviste contemporain, l’utopie technologique demeure puissante. La foi dans le nucléaire et les grands barrages subsiste ; le plus souvent, elle se déplace vers les énergies renouvelables. Certains imaginent ainsi – comme au temps de Zola au tout début du XXe siècle  – l’avènement d’un “communisme solaire”. Une fois encore, l’histoire des promesses technophiles se répète. »

– François Jarrige, Technocritiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences (2014)

L’économiste Cédric Durand et le sociologue Razmig Keucheyan ont récemment publié un livre intitulé Comment bifurquer. Les principes de la planification écologique (2024) aux éditions La Découverte. À lire l’ouvrage, il apparaît clairement que les deux hommes sont de dignes héritiers de la tradition marxiste-léniniste, mais dans sa version écosocialiste. Ils sont également actifs dans le milieu politique. Durand occupe la chaire d’économie de l’Institut La Boétie, le think tank du parti La France insoumise[1], tandis que Keucheyan milite au sein de la gauche radicale (pionnier du NPA, soutien de Mélenchon et membre du comité de rédaction de la revue Actuel Marx[2]).

Les auteurs font le constat suivant au début de l’ouvrage :

« Le monde du capitalisme industriel, productiviste et consumériste, n’est pas compatible avec la préservation d’écosystèmes vivables pour les humains [3] ».

En réalité, il ne sera pas du tout question dans les pages qui suivent de se débarrasser du système industriel, de la production à grande échelle ni même de l’abondance matérielle indécente des pays du Nord. Au contraire, Durand et Keucheyan veulent un système industriel collectivisé, décarboné, vert et propre, un objectif qui serait atteignable selon eux via une planification démocratique de l’ensemble de l’économie et de la société, à un niveau mondial. Comme nous allons le voir, la bifurcation écologique n’est qu’un leurre agité par la technocratie (en l’occurrence ici, son aile gauche) pour conserver le système dont elle tire son pouvoir et ses privilèges.

Partie 1 : Le niveau zéro de la technocritique

Partie 2 : Greenwashing à la sauce communiste

Partie 3 : Illusion du contrôle et célébration de la puissance

Partie 4 : Les « leçons » de l’éco-fascisme chinois

Le niveau zéro de la réflexion technocritique

« Le moyen de production est à critiquer en lui-même, parce que s’il appartient à la bourgeoisie, c’est qu’il a été conçu pour véhiculer les valeurs de la bourgeoisie. La manière de faire intrinsèque d’un moyen de production détermine une manière de s’organiser socialement. Aucune neutralité[4]. »

– Sebastián Cortés

Durand et Keucheyan font la même erreur que la plupart des écologistes sous influence de la gauche. Adeptes de l’ethnocentrisme, ils ignorent délibérément la diversité culturelle humaine sur Terre et ne cherchent même pas à savoir à quoi pourrait ressembler une société écologiquement soutenable sur le plan organisationnel et technique. C’est pourtant le point de départ évident d’une analyse rationnelle que d’étudier les sociétés passées et présentes qui ont démontré leur soutenabilité écologique sur le temps long. Cela donne raison à Russell Means, un activiste amérindien du peuple Oglala-Lakota qui accusait le marxisme d’être un énième suprémacisme[5]. Les marxistes expriment en effet un profond mépris pour les autres cultures, pour les sociétés non industrielles ; une autre caractéristique, en plus du culte de la technologie, que les marxistes partagent avec les fascistes et les nazis.

Comme chez les Soulèvements de la terre[6] ou encore chez l’activiste Peter Gelderloos, la critique de la technologie est la grande absente du livre de Durand et Keucheyan. En bons communistes, ils croient encore à la prédiction de leurs prophètes Marx et Engels : le développement technologique augmenterait progressivement la contradiction interne au capitalisme (prolétariat vs. bourgeoisie) jusqu’à un point de bascule. Leur analyse du capitalisme industriel montre qu’ils assimilent la technologie – les machines, les usines, les infrastructures – à des objets politiquement et socialement neutres. D’après eux, le problème est l’existence d’« une contradiction fondamentale entre la valorisation capitaliste et la nature ». Plus loin, ils mentionnent que « la contrainte systémique de maximisation du profit provoque une série de disharmonies au sein du métabolisme naturel ». Pour Keucheyan et Durand, les autoroutes et les voies ferrées du système techno-industriel feraient donc partie du « métabolisme naturel », la quête du profit étant le seul élément problématique dans l’équation.

Les deux auteurs éco-léninistes déroulent leur analyse du capitalisme :

« Le capitalisme, certes, est affaire de séparation. Pour commencer, en tant qu’il suppose l’appropriation privée des moyens de production, il sépare la production de la consommation. En règle générale, les travailleurs produisent non pour l’autoconsommation, mais pour le marché. La division du travail – dont la division entre le travail intellectuel et le travail manuel, entre conception et exécution, est une des formes – suscite une spécialisation croissante au sein de la sphère productive[7]. »

Plusieurs problèmes ici. Ce n’est pas l’abstraction « capitalisme » qui sépare la production de la consommation, mais l’usine. Celle-ci est conçue pour produire bien au-delà des besoins des ouvriers qui y travaillent ; ainsi l’usine implique obligatoirement la création de surplus qui doivent être absorbés par le reste de la société. Le capitalisme alloue ces biens via le marché ; le capitalisme d’État (ou planification) le réalise via le calcul centralisé des besoins. En d’autres termes, l’usine dépossède la population de son autonomie matérielle, c’est là sa principale fonction politique. La plupart des problèmes inhérents à l’industrialisation, Durand et Keucheyan les associent en fait au capitalisme. Ils emploient la même entourloupe pour expliquer la séparation entre travail intellectuel et travail manuel. L’anthropologie a pourtant montré depuis bien longtemps que cette séparation découle inévitablement de la mécanisation, du gigantisme du système industriel :

« Sous l’effet de la mécanisation, les tâches de conception et d’exécution sont dissociées : la première est supervisée par des ingénieurs, des architectes, des concepteurs, tandis que la seconde est déléguée aux ouvriers de différents secteurs[8]. »

Plus généralement, la division du travail est fondamentalement liée aux techniques autoritaires (Lewis Mumford), que nous appelons aussi technologies à grande échelle (Théodore Kaczynski[9]). Mais dans la pensée de Keucheyan et Durand, l’usine pourrait être autogérée de manière démocratique par les ouvriers. Les auteurs se basent entre autres sur les écrits de Marx qu’ils citent à plusieurs reprises :

« Il faut considérer les entreprises capitalistes par actions, et au même titre, les usines coopératives comme des formes de transition du mode capitaliste de production au mode collectiviste, avec cette différence que, dans les premières, la contradiction est résolue négativement et dans les secondes positivement[10]. »

Comme nous l’avons déjà montré ailleurs, l’autogestion en milieu industriel est une fable : un capitalisme participatif n’équivaut pas à une sortie du capitalisme. Marx était en outre assez incohérent dans son analyse de la technologie, tantôt appelant les ouvriers « à distinguer entre la machine et son emploi capitaliste[11] », tantôt accusant la machinerie industrielle de réduire en esclavage les ouvriers :

« Dans la manufacture et le métier, l’ouvrier se sert de son outil ; dans la fabrique il sert la machine. [...] L’habileté de l’ouvrier apparaît chétive devant la science prodigieuse, les énormes forces naturelles, la grandeur du travail social incorporées au système mécanique, qui constituent la puissance du Maître[12]. »

Quant à Engels, l’alter ego de Marx issu de la grande bourgeoisie industrielle allemande, il se moque dans un texte de 1871 de ceux qui veulent supprimer l’autoritarisme dans l’administration du système industriel. Chez Keucheyan et Durand, il n’y a même pas le début du commencement d’une réflexion technocritique : ils témoignent au contraire d’une foi aveugle dans la technologie et d’une mauvaise foi sans limite quant à la possibilité d’en instaurer un contrôle démocratique. Par la suite, ils continuent à dérouler la prophétie marxiste. Pour prendre la mesure de leur aveuglement, citons-les longuement.

« Mais, d’emblée, la division du travail s’accompagne de son contraire : l’interdépendance entre producteurs, et entre producteurs et consommateurs. Alors que l’artisan précapitaliste maîtrise souvent l’ensemble de la chaîne productive, du prélèvement des matériaux à la vente de son produit sur le marché, au sein du capitalisme, le producteur n’en contrôle qu’une fraction, de plus en plus réduite à mesure que la division du travail progresse. Pour le reste, il s’en remet à d’autres producteurs. De même, les consommateurs dépendent pour la plupart de biens produits par d’autres. En se les procurant sur un marché, ils valident le caractère social de la marchandise, le fait qu’elle est produite pour l’échange. Cette interdépendance s’approfondit au fil du développement capitaliste. Conséquence : la taille des unités productives croît. C’est la socialisation organisationnelle.

La logique à l’œuvre est ici celle des économies d’échelle donnant lieu à des gains de productivité : souvent, on produit plus efficacement en intégrant les producteurs dans des établissements industriels de grande taille, plutôt que lorsqu’ils sont isolés. Cette efficacité productive – ce productivisme – s’autoalimente, débouchant sur un accroissement continu des échelles de l’accumulation, jusqu’aux chaînes de valeur qui projettent les plans de production à l’échelle globale.

La socialisation organisationnelle implique la centralisation des décisions productives : le travail d’un nombre grandissant de producteurs est organisé par des “cadres”, soit des spécialistes de l’organisation. La propriété du capital et la gestion des entreprises se dissocient, alors que celles-ci étaient auparavant souvent dirigées par leurs propriétaires. Les cadres – une classe sociale elle-même hiérarchisée – prennent de l’importance au cours du XX siècle. L’encadrement dans l’entreprise engendre une forme de pouvoir spécifique, qui procède du contrôle des processus productifs et des compétences acquises à grand renfort de diplômes.

Tandis que la division du travail fragmente, la socialisation organisationnelle totalise. Poussée à la limite, elle rend concevable le basculement de la logique marchande dans son contraire : la planification. Les économies de guerre en sont une forme rudimentaire, principalement préoccupée par des enjeux de survie dans des circonstances exceptionnelles. Lénine, dans L’État et la révolution (1918) [en réalité c’est 1917 la date de publication, NdA], évoque ainsi “la transformation de tous les citoyens en travailleurs et employés d’un grand cartel unique, à savoir : l’État tout entier, et la subordination de tout le travail de tout ce cartel à un État vraiment démocratique, à l’État des soviets”. Ce “grand cartel unique” n’est autre que la socialisation organisationnelle parvenue à son aboutissement : une seule organisation économique, et qui fusionne avec l’État. »

À moins d’être complètement endoctriné, il est difficile de concevoir la division du travail comme un processus « contraire » à l’interdépendance entre producteurs, et entre producteurs et consommateurs. C’est justement parce que l’autonomie matérielle des individus (autrefois paysans pour l’écrasante majorité d’entre eux) est peu à peu réduite à néant par la première révolution industrielle, notamment via la division du travail exigée par la mécanisation, que l’interdépendance entre un nombre croissant d’individus augmente. L’historien et sociologue technocritique Jacques Ellul parlait d’une « atomisation » produite par l’industrialisation qui « confère à la société la plus grande plasticité possible[13] ». Les deux phénomènes d’atomisation (ou division) et d’interdépendance s’alimentent l’un l’autre. Aucune contradiction.

Ensuite, les auteurs remarquent l’accroissement des unités productives, « la centralisation des décisions productives » et la montée en puissance des cadres – autrement dit des ingénieurs et des gestionnaires (qui appartiennent, avec les capitalistes, à la classe technocratique dans notre grille de lecture anti-tech). Puis, par on ne sait quel miracle communiste, Durand et Keucheyan nous expliquent que l’ensemble de ce processus débouchera nécessairement (c’est inscrit dans la bible marxiste) sur un « grand cartel unique », un « État vraiment démocratique », une seule organisation économique qui aura fusionné avec l’État. Rappelons au lecteur que Lénine écrivait ces mêmes fumisteries au sujet d’une hypothétique prise de pouvoir par les ouvriers dans les usines quelques mois seulement avant de rédiger les décrets de création de la Tcheka, la police politique chargée de traquer les opposants au régime bolchévique[14]. En fin de compte, « l’ouvrier n’est ni maître de l’usine, ni maître de ses chefs[15] ».

Autre élément révélateur de la neutralité sociale et politique attribuée par Keucheyan et Durand à la technologie :

« Notre hypothèse est qu’un autre numérique est possible, et qu’il pourrait être mis au service de la planification écologique[16]. »

En effet, les auteurs considèrent qu’Internet, les ordinateurs, les téléphones et toute l’infrastructure numérique permettraient, une fois la révolution écosocialiste accomplie, de redistribuer le pouvoir aux individus. Ainsi, « les cybercommunautés de consommateurs » auraient la capacité de « devenir à la fois financeurs, concepteurs et superviseurs de la production ». Pour ce faire, il faudra « une numérisation intensive de la chaîne d’approvisionnement, depuis les consommateurs finaux jusqu’aux matières premières, afin d’améliorer la visibilité sur l’ensemble de la chaîne et de renforcer les capacités de réalisation des scénarios ». En gros, il faudra des objets connectés partout et la 5G (ou plus) pour les mettre en réseau. Les envolées lyriques de nos deux techno-fanatiques valent le détour :

« Magnifiée par la puissance des machines algorithmiques, l’implication communautaire des utilisateurs peut en venir à hisser son pouvoir au-delà de la conception des produits, jusqu’aux processus de production lui-même et à son financement[17]. »

Grâce à la république des « cybersoviets », le consommateur reprendra le pouvoir. Bien entendu, dans cette cyber-utopie, les États et les grandes firmes nationalisées/autogérées n’utiliseront pas les données personnelles et l’intelligence artificielle pour manipuler la pensée et le comportement des gens. Là encore, on nage en plein fantasme marxiste. L’historien Theodore Rozsack a montré que certains pionniers de l’informatique au sein du mouvement hippie promettaient déjà l’autonomisation des individus via la mise en réseau d’ordinateurs[18]. Mais le développement de l’industrie numérique a considérablement renforcé le pouvoir des grandes organisations (États, firmes, partis politiques, etc.). Dans un livre percutant, la philosophe Julia Laïnae et l’informaticien déserteur Nicolas Alep exposent de manière convaincante l’escroquerie qu’est le numérique alternatif[19].

Selon le syndicaliste anarchiste Sebastián Cortés, « prétendre qu’Internet va améliorer le sort de l’humanité, c’est se leurrer complètement[20] ». Qu’il soit communiste ou non, Internet repose en effet sur une infrastructure gigantesque, des centrales énergétiques au réseau électrique en passant par les centaines de milliers de kilomètres de câbles sous-marins, des milliers de mines et d’usines pour fabriquer tout ça, des sites d’entreposage de déchets électroniques, et ainsi de suite. Toute cette infrastructure ne peut être mise en place et coordonnée que par de grandes organisations hiérarchiques et autoritaires, avec une importante division du travail. Des organisations telles que des États et des grandes firmes[21]. Quant à l’ordinateur et l’Internet célébrés en tant que vecteurs d’autonomie par les techno-prophètes, le Groupe Marcuse s’étonne « de voir comment cette fable a pu enfumer les esprits pendant trente ans[22] ».

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Footnote [1] — https://institutlaboetie.fr/nos-departements/economie/

 

Footnote [2] — https://www.socialter.fr/article/razmig-keucheyan-front-culturel-antonio-gramsci

 

Footnote [3] — Cédric Durand et Razmig Keucheyan, Comment bifurquer. Les principes de la planification écologique, 2024.

 

Footnote [4] — Sebastián Cortés, Antifascisme radical. Sur la nature industrielle du fascisme, 2015.

 

Footnote [5] — https://www.motherjones.com/politics/2012/10/russell-means-mother-jones-interview-1980/

 

Footnote [6] — Les Soulèvements de la terre, Premières secousses, 2024.

 

Footnote [7] — Cédric Durand et Razmig Keucheyan, op. cit.

 

Footnote [8] — L’anthropologue Stefano Boni compare longuement la place de l’opérateur humain avant et après la révolution industrielle dans Homo confort. Le prix à payer d’une vie sans efforts ni contraintes, 2022.

 

Footnote [9] — Theodore Kaczynski, La Société industrielle et son avenir, 1995.

 

Footnote [10] — Karl Marx, Le Capital (1867), Livre III.

 

Footnote [11] — Karl MARX, Le Capital. Livre I. Dans ce passage, Marx affiche un certain mépris pour les ouvriers qui ont mené à la révolte luddite en Angleterre :

 

« La destruction de nombreuses machines dans les districts manufacturiers anglais pendant les quinze premières années du XIXe siècle, connue sous le nom de mouvement des Luddites, fournit au gouvernement antijacobin d’un Sidmouth, d’un Castlereagh et de leurs pareils, le prétexte de violences ultra-réactionnaires. Il faut du temps et de l’expérience avant que les ouvriers, ayant appris à distinguer entre la machine et son emploi capitaliste, dirigent leurs attaques non contre le moyen matériel de production, mais contre son mode social d’exploitation. »

 

Footnote [12] — Karl Marx, Le Capital (1867), Livre I, chapitre XV.

 

Footnote [13] — Jacques Ellul, La Technique ou l’enjeu du siècle, 1954.

 

Footnote [14] — Voir l’éclairante analyse de Marius Blouin dans De la technocratie : la classe puissante à l’ère technologique, 2023. Selon Lénine, une fois le capitalisme renversé, « une discipline de fer » sera « maintenue par « le pouvoir d’État des ouvriers armés ». L’éventuelle « résistance de ces exploiteurs » sera « matée par la main de fer des ouvriers en armes ». Une fois le « mécanisme admirablement outillé au point de vue technique » affranchi de « parasitisme », « les ouvriers associés peuvent fort bien [le] mettre en marche eux-mêmes en embauchant des techniciens, des surveillants, des comptables ». Tous auront naturellement un « salaire d’ouvrier ». Tout en insistant encore sur la « discipline absolument rigoureuse » imposée par la technologie industrielle, « sous peine d’arrêt de toute l’entreprise ou de détérioration des mécanismes, du produit fabriqué », Lénine écrit que tout ceci peut coexister avec des décisions prises démocratiquement :

 

« Dans toutes ces entreprises, évidemment, les ouvriers éliront des délégués qui formeront une sorte de parlement. » 

 

Lorsque « les capitalistes et les fonctionnaires » seront renversés, « le contrôle de la production et de la répartition », de même que « l’enregistrement du travail et des produits », seront réalisés par « les ouvriers armés, par le peuple armé tout entier. » 

 

Le leader bolchevique précise encore entre parenthèses : 

 

« Il ne faut pas confondre la question du contrôle et de l’enregistrement avec celle du personnel possédant une formation scientifique, qui comprend les ingénieurs, les agronomes, etc. : ces messieurs, qui travaillent aujourd’hui sous les ordres des capitalistes, travailleront mieux encore demain sous les ordres des ouvriers armés. »

 

Footnote [15] — Jacques Ellul, op. cit.

 

Footnote [16] — Cédric Durand et Razmig Keucheyan, op. cit.

 

Footnote [17] — Ibid.

 

Footnote [18] — Théodore Roszack, Du Satori à la Silicon Valley, 1986. Voir cet extrait p. 48 :

 

« Pour les vétérans de la contre-culture de la fin des années 1970, c’était les données numériques, plutôt que les dômes, les arcologies ou les colonies spatiales, qui allaient nous mener à la terre promise postindustrielle. L’ordinateur personnel allait permettre à des millions de personnes d’accéder aux bases de données du monde entier, ce dont elles avaient – supposément – grand besoin pour devenir des citoyens autonomes. Le terminal domestique devint la pièce maîtresse d’une sorte de populisme électronique. »

 

Footnote [19] — Juila Laïnae et Nicolas Alep, Contre l’alternumérisme, 2023.

 

Footnote [20] — Sebastián Cortés, op. cit.

 

Footnote [21] — Voir le documentaire « Les pionniers des câbles sous-marins. Une révolution de la télécommunication » diffusé par Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/101363-000-A/les-pionniers-des-cables-sous-marins/

 

Footnote [22] — Groupe Marcuse, La Liberté dans le coma, essai sur l’identification électronique et nos motifs de s’y opposer, 2013.

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