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Bloquons Tout : déborder le cadre ou crever lentement ? Cap sur le 18-19 !

Par
ATR
16
September
2025
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La dégradation de nos conditions de vie, due entre autre à la marche forcée vers un conflit généralisé pour des ressources qui se raréfient, provoque d'inévitables insurrections. Les gilets jaunes ont marqué l'histoire des luttes par leur spontanéité, leur imprévisibilité et leur popularité. Le mouvement des retraites s'est empêtré dans les manifestations syndicales inoffensives jusqu'à s'éteindre. L'appel du 10 septembre, en réaction aux annonces économiques austéritaires de Bayrou, est une énième manifestation de colère diffuse, qui témoigne d'une envie d'en découdre avec le monde incarné par Macron.

Depuis les premiers jours de l'étrange appel Bloquons Tout du 10 septembre, Anti-Tech Resistance (ATR) suit celui-ci avec intérêt. D'abord issu de forces anonymes (ou d’extrême droite, d’après Libération et l’Humanité), cet appel à petit à petit été rejoint par les composantes de la gauche classique, partis politiques et collectifs militants. Alors que dans les premiers jours des canaux d'organisation Telegram et dans les premières réunions publiques, la volonté de s'unir pour faire naître un mouvement fort semblait l'emporter, les velléités de contrôle de certaines franges militantes se sont révélées sur les dernières semaines d’août.

Marqués par le mouvement des Gilets jaunes et sa « dangereuse » porosité, sa pluralité de points de vue questionnable, ainsi que par le cuisant échec du mouvement de la réforme des retraites, une partie des organisations de gauche ont déclaré ne pas vouloir répéter les mêmes erreurs que par le passé. Il fut question, entre autres, de s'assurer que tous les partisans du mouvement respectent une vision du monde bien codifiée. Divers méthodes d'exclusion furent ainsi mises en place, de la calomnie à la diffamation (surtout virtuelles), et quiconque questionnait ces méthodes était vite accusé de « complaisance avec l’extrême-droite ». Rapidement, le mouvement est refondu, et amputé de sa frange populaire.

Le 10 septembre fut donc ambivalent : d'un côté, des modes d'action inédits ont été mis en œuvre. Des blocages de flux, pour mettre à l'arrêt l'économie, plutôt que de cibler des symboles. On rapportera ici des témoignages de Paris, Nantes, et Rennes en particulier, qui font état d’une très bonne mobilité tactique, par des petits groupes de 20 à 30 personnes mettant en place des barrages filtrants peu conflictuels mais pensés comme goulots d'étranglement sur des points précis, des entrées de rocade afin d'engorger les flux. Un grand succès pour ce premier jet du 10 septembre qui parvint (parfois) à éviter le piège des grandes nasses centralisées pour favoriser des actions coordonnées entre des petits groupes mobiles ciblant de simples ralentissements de la circulation, mais sur des points clefs créant ainsi très rapidement des mises à l’arrêt. Tout cela en évitant soigneusement toute confrontation avec les forces de l'ordre, préférant dans ce cas partir pour recommencer ailleurs. Dans d’autres plus petites villes comme Saint-Nazaire, le nombre a permis un temps de dissuader les forces de l’ordre. Tout en restant mobiles, les points de blocages devenaient ainsi des lieux de rencontres et de discussion.

De l'autre, les vieilles manifestations inefficaces ont repris cours, à notre grand dam - non seulement parce que le dispositif répressif dégageait les blocages le plus rapidement possible, mais aussi par habitude militante. D'un côté, des sondages parlent d'une majorité de français en colère ou mécontents, en grande partie favorable au mouvement Bloquons tout, de l'autre nous étions 360 000 personnes mobilisées le jour J. Le mouvement fut combatif mais, peinant à dépasser les vieux clivages politiques gauche/droite, il s'est aliéné (grandement aidé par les médias) toute une partie du peuple, rejetée car moins « déconstruite » que l'« avant-garde » qui l'avait investi.

Dans cette mêlée générale, après avoir largement soutenu la création à Rennes d'une assemblée de quartier Rennes Nord, plus populaire et représentative que les assemblées de gauche du centre ville, et après avoir soutenu aussi sur le terrain, le 10, les actions de perturbation des flux (dans le respect de notre cadre d'action non-violent) aux cotés des manifestants les plus déterminés, Anti-Tech Resistance choisit de prendre la parole pour dénoncer le faux dilemme qui s'offre aux partisans du mouvement 10 septembre : soit enchaîner des dates d'action sporadiques qui finiront par se routiniser dans le temps, soit rejoindre l'appel des bureaucraties syndicales le 18 septembre et se laisser ainsi coopter par celles ci.

Face à l'escroquerie de ce choix n'offrant que l’échec du mouvement de tout coté ; à ATR nous posons clairement la question : voulez vous gagner ? Vraiment gagner ? Vraiment mettre Macron et son monde à l’arrêt ? Si vous répondez oui à cette question, alors sachez que tout se jouera cette semaine.

Le mouvement vient de naître et de frapper un grand coup : malgré ses défauts, il peut encore fonctionner. Mais pour ça il doit monter en intensité, refuser une lutte qui s'éterniserait et démotiverait le peuple à s'y engager.

Si nous voulons avoir une chance de gagner cette fois, de rallier à nous la majorité du peuple, nous devons agir vite, et faire la proposition matérielle d'un mouvement dont chaque acte, loin d’être une simple répétition, est une fulgurante montée en puissance. Notre seule issue positive est la mise à l’arrêt total du pays.

Pour y parvenir, nous devons nous assurer que chaque acte de Bloquons tout soit plus fort que le précédent, pour agglomérer de plus en plus de monde, et finir par une grève (ou un blocage) générale.

C'est peut-être aussi le moment de rappeler l'un des 3 mots d'ordre initiaux du mouvement, qui ont depuis été plus ou moins abandonnés : pour tenir les blocages dans la durée, il faudra faire preuve de solidarité populaire - mettre en place des réseaux d'approvisionnement, des cantines, des jardins, etc. Autrement dit, recouvrer l’autonomie matérielle dont on nous a privés. C'est là tout un pan de la lutte qui a été quelque peu négligé, sous estimé voire parfois méprisé. N'oublions pas non plus que parmi les pratiques militantes excluantes, la course à la radicalité est un facteur d'isolement et d'ostracisation. Les gens ne deviennent pas bloqueurs en 1 jour : penser et encourager des modes d'action graduels - tel que le boycott - permet d'inclure progressivement des franges de la population dans la lutte.

L'acte I, le 10 septembre, fut des blocages partout en France.

L'acte II, nous le proposons le 18 septembre pour gagner à nous la masse des grévistes, mais celui-ci devra se prolonger encore le 19, pour déborder les bureaucraties syndicales. Si nous voulons gagner, notre acte 2 doit durer deux jours : bloquer la France pendant deux jours.

Ainsi, peut-être, l'acte III saura galvaniser la France entière pour bloquer plus longtemps encore, et faire de Bloquons Tout le mouvement que nous attendions tous depuis des décennies.

Sans ce courage, sans cette capacité à bloquer plusieurs jours d'affilée, à ne pas reprendre le travail bêtement le lendemain d'une seule journée de blocage hebdomadaire, ce mouvement court à sa perte.

Refusons cette fatalité, pour nos proches exploités, pour nos libertés volées, pour la nature ravagée, le 18 et le 19, BLOQUONS TOUT !

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